Animation Digital Network, c’est la plateforme française de référence en matière d’animation. Après s’être séparée de la maison-mère de ce qui est aujourd’hui son concurrent direct, Crunchyroll, elle est parvenue à confirmer qu’elle était une valeur sûre avec un catalogue d’animation de plus en plus riche. Mais, là où elle tire son épingle du jeu, c’est en mettant l’accent sur les classiques du dessin animé et les créations originales, dont fait maintenant partie Dead Cells !

Alors, quand il a été question de produire une adaptation animé d’un jeu vidéo comme lui, ADN était le diffuseur tout désigné. Après avoir collaboré sur Lance-Dur, autre série française tirée d’un univers vidéoludique (Dofus et Wakfu), la plateforme avait déjà démontré son soutien aux adaptations de jeux. Cerise sur le gâteau, elle a noué un partenariat avec Bobbypills (Vermin, Peepoodo), studio parent à Bobby Prod. Les fans de Dead Cells connaissent bien ce dernier puisqu’il a signé les trailers des différents DLC du jeu. Il était donc tout naturel de confier la réalisation Dead Cells Immortalis à la branche de Bobby dédiée aux projets au long court.

À première vue, le style visuel de Bobbypills n’est certes pas celui qui se rapproche le plus de Dead Cells. Cependant, si vous connaissez ses précédentes productions, alors vous ne serez peut-être pas étonné de le voir aux manettes de Dead Cells Immortalis. Alors, le studio connu pour ses créations à l’humour adulte et régressif a-t-il su relever le défi ? Avant de retrouver la série sur ADN le 19 juin prochain, voici l’avis de Gameblog.

Dead Cells Immortalis
© Bobbypills / ADN.

Une histoire qui va vous faire perdre la tête

Dead Cells est typiquement le genre de jeu dont l’intérêt repose presque intégralement sur le gameplay. Les équipes de Motion Twin ont d’ailleurs pensé l’histoire relativement tard dans le développement, laissant planer de nombreuses parts d’ombre sur celle-ci. Ce flou, mêlé à des éléments de lore disséminés dans l’environnement à la manière d’un Souls, donnent beaucoup à penser aux joueurs et joueuses, toujours prompts à combler eux-mêmes les trous et à rivaliser de théories.

Avec Dead Cells Immortalis, Bobbypills prend le contrepied. Le studio s’approprie tout ce lore pour le réinventer. Il propose ainsi une histoire qui laisse beaucoup moins de place au mystère. Le Prisonnier incarné dans le jeu se trouve ici une acolyte — ou, plutôt, une certaine Laure rencontre le Prisonnier et l’invite à rejoindre sa quête pour sauver le monde du Mal-Être qui le ronge, en venant à bout du Roi. Le scénario reprend les grandes lignes du jeu, mais sait aussi s’en détacher pour créer ses propres enjeux et finalités. D’épisode en épisode, le binôme voit sa relation se renforcer, leur permettant de surpasser les épreuves qui les attendent. La grande quête n’est alors plus qu’un prétexte à l’évolution de nos deux héros 

Dead Cells Immortalis
© Bobbypills / ADN.

Clairement, la série joue sur les poncifs. Les deux héros sont, d’une certaine manière, forcés de faire équipe s’ils veulent chacun espérer atteindre leur objectif personnel. Ils ont évidemment du mal à s’apprécier au départ, mais leur relation se renforce au fil des aventures. Et s’ils se taquinent sans cesse avec un humour potache, la légèreté de leurs échanges laisse entrevoir, dans les moments les plus tragiques, tout le sérieux qu’il y a derrière une amitié franche et sincère.

Dans l’ensemble, Dead Cells Immortalis jongle avec ces deux aspects : beaucoup de dérision pour nous surprendre ensuite par quelques émois éclairs. Au milieu des blagues, le retour soudain au premier degré frappe avec justesse, si bien qu’on aurait souhaité qu’il y en ait davantage. Mais ne soyons pas trop sérieux, on parle de Dead Cells après tout. Alors, si la conclusion de cette saison n’a ni queue, ni tête… c’est qu’on est dans le thème !

Bobbypills appose sa pâte à Dead Cells

L’esthétique de Bobbypills transparaît immédiatement dans la série Dead Cells. Plus spécialement, on reconnaît la pâte de Gaspard Sumeire et Balak, respectivement réalisateur et directeur créatif. Il y a ce quelque chose de volontairement accidenté dans le trait et de saccadé dans la framerate qui donne leur identité aux productions du studio et des deux hommes. Alors, pour qui a vu Vermin, Lastman et surtout Les Kassos, les graphismes parleront tout de suite. 

Cependant, les aficionados du jeu seront peut-être surpris de cette direction artistique. Si les environnements et, évidemment, le chara-design tiennent bien du Dead Cells, on n’y retrouve pas tout à fait l’atmosphère insufflée par Motion Twin. D’autant plus qu’au regard des trailers mijotés par Bobby Prod, on aurait pu s’attendre à quelque chose d’aussi dynamique et coloré. Ici, les couleurs sont moins chatoyantes, ce qui marque en même temps l’affadissement provoqué par le Mal-Être dans cet univers. Néanmoins, le studio n’oublie pas qu’il adapte ici un jeu vidéo. La série n’hésite donc pas à jouer des plans vidéoludiques, notamment en vue de côté comme… dans Dead Cells ! C’est le genre d’attention incontournable qu’on prend toujours autant de plaisir à voir à l’écran.

Dead Cells Immortalis
© Bobbypills / ADN.

Et pour encore plus de satisfaction, le studio a soigné ses effets sonores pour apporter plus de vitalité aux images. Ainsi certains plans donnent l’agréable impression d’entendre les bruitages d’une bande dessinée. Mais ce dont on se délectera surtout, c’est des thèmes musicaux ! C’était un des grands points forts du jeu, et Bobbypills ne s’y est pas trompé. La série est rythmée par une OST effrénée aux accents épiques, amenée pile quand il faut. Bien évidemment, le thème principal du jeu est de la partie, venant conclure avec panache chaque épisode.

Immortalis, mais pas tout à fait Dead Cells

Qui dit Dead Cells, dit combats à foison. Qui dit Dead Cells Immortalis, dit… disons qu’il y a bien des affrontements et une hostilité certaine de la population locale envers nos héros, mais on est loin de l’intensité du jeu. Trop de batailles dans un format aussi condensé n’aurait certainement pas été digeste. Malgré tout, même si l’action est au rendez-vous, les fans regretteront probablement de ne pas retrouver la frénésie qui fait tout le sel du jeu.

Ce n’est pas le seul point qui risque de faire grincer des dents. On peut déjà le lire dans les commentaires du trailer : le traitement de Bobby, ou le Prisonnier, ou celui qu’on peut désormais appeler “Tête de Flamme”, le protagoniste en somme, est loin de l’image qu’on se fait du personnage pixelisé. Exit la carrure de ce héros médiéval muet, ici notre homoncule charismatique est plutôt bavard — mais toujours aussi irrévérencieux, et ça, on adore ! Notre homoncule n’a clairement pas froid aux yeux, on n’en attendait pas moins de lui. Le doublage fonctionne d’ailleurs très bien, d’autant plus dans la dynamique créée entre Gérémy Crédeville (Tête de Flamme) et Alizée Laffitau (Laure), tout autant dans le ton des productions Bobbypills.

Dead Cells Immortalis
© Bobbypills / ADN.

Dans l’ensemble, les joueurs et joueuses se réjouiront des références au jeu qui surgissent de-ci, de-là. Certains personnages du lore font même leur apparition pour la première fois. Mais, là où Immortalis s’en sort le mieux, c’est probablement quand elle détourne la Pop culture. Ainsi, on s’amusera de la caricature faite des super sentai à la Kamen Rider, et notre cœur battra un peu plus fort après un clin d’œil très appuyé à Fullmetal Alchemist. Plus encore, la série se joue de la culture française sous toutes ses formes, de la baguette à la politique, en passant par les comédies musicales. En cela, Dead Cells Immortalis est un festival dont on a envie de profiter encore.

Dead Cells Immortalis, une bonne dose de second degré qui aurait mérité un peu plus de cuisson

Comme dans ses autres productions, le studio Bobbypills rappelle avec Dead Cells Immortalis qu’il est là pour divertir tout en suscitant, avec parcimonie, des émotions. On aurait probablement aimé y retrouver davantage du jeu, la série laissant souvent cette identité de côté pour plonger dans le tiroir visiblement sans fond des séries humoristiques pour adultes. Malgré tout, quelque chose de l’esprit de Dead Cells persiste de bout en bout avec cette envie de se moquer des jeux vidéo et du mainstream pour y rendre encore mieux hommage. Même si elle risque de faire tiquer nombre de fans par endroit, la série saura à coup sûr les amuser et leur donner de voir jusqu’où iront Tête de Flamme et Laure… et pourquoi pas jusqu’à une saison 2 ? C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter ! Mais vous pourrez vous faire votre avis dès le 19 juin, sur ADN.